Article intéressant du matin ici:
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Voilà ce qu'il dit: Lorsque Paolo Tramezzani (46 ans) avait débarqué au Cornaredo cet hiver pour y sauver un FC Lugano qui se lambinait avec 18 points obtenus lors de la première partie du championnat, l’un de ses premiers réflexes avait été de regarder le classement de Super League avant d’assurer à son nouvel employeur, avec un aplomb non feint: «Moi, j’aimerais faire 35 points!» Et il les a faits, enchaînant 11 victoires et 2 nuls contre seulement 5 défaites.
Il a désormais lié son destin à celui du FC Sion; officiellement pour deux ans, peut-être un peu moins selon le Totomat. Entre les deux parties, réunies depuis mercredi soir à la Porte d’Octodure, le contrat a été signé ce jeudi. Une semaine plus tôt, l’élégant Italien avait cassé le contrat le liant à Lugano pour devenir un coach libre. Alors que son nom circulait aussi bien à Berne qu’en Italie (Sassuolo, Novare, Bari, etc.), il ne le sera pas demeuré longtemps.
Rendez-vous à l’usine à 6 h
Avec Tramezzani, Constantin entend perpétuer la lignée des coaches transalpins (Bigon, Gattuso, Dellacasa), possédant autant l’aisance tactique pour changer de système que de poigne pour régner sur un vestiaire divisé. «C’est avec le style italien qu’on a fait nos meilleurs résultats, se souvient Constantin. C’est un style qui convient manifestement aussi à Chelsea, au Bayern Munich et à la Juve…»
Ce qui est valable à Stamford Bridge ou à l’Allianz Arena devrait aussi l’être à Tourbillon. Voici quelques jours, le successeur de Fournier s’était dit impressionné par l’implication de son futur président – la marche forcée jusqu’à Isérables à laquelle avait été «condamnée» son équipe avait notamment marqué l’Italien.
Souvent très théâtral dans son expression au bord de la touche, Tramezzani n’est pas avare de coups non plus. Ainsi, au lendemain de l’humiliation vécue à Thoune le 12 mars (défaite 5-2), avait-il donné rendez-vous à ses joueurs à 6 h dans une entreprise de peintures. «Pour voir comment transpirent et bossent les gens ordinaires», leur avait-il balancé. Révélant la personnalité du futur occupant du banc sédunois, cet épisode avait alors marqué une rupture dans les relations tendues qu’il entretenait avec le bouillant président Renzetti.
Des fiches pour chaque joueur
La cohabitation avec le boss de Tourbillon promet elle aussi quelques étincelles. «Le Mister possède un caractère très particulier. Il est un peu fou. Sous ses airs sympathiques, il cache un tempérament explosif…» Journaliste au Corriere del Ticino, Marcello Pelizzari a suivi l’éclosion de Tramezzani; il voit d’abord en lui un bourreau de travail qui a su métamorphoser Lugano.
«Il vit pour le foot, reprend notre confrère. Quelle que soit l’heure à laquelle j’arrivais au stade, tôt le matin ou tard le soir, il était dans son bureau. Peu de temps après son arrivée, il connaissait déjà chaque joueur du championnat.»
Mirko Salvi confirme l’extraordinaire méticulosité de son ancien coach. «En début de semaine, détaille le portier du Cornaredo, chacun d’entre nous recevait un document de plusieurs pages dans lequel étaient détaillées toutes les caractéristiques de notre prochain adversaire, y compris poste par poste. Tramezzani nous a rendus meilleurs. C’est un coach très vivant, qui possède beaucoup de charisme. On a envie de se démener pour lui.»
La force qu’il dégage a aussi marqué Antoine Rey. «Pour sa première expérience seul à la tête d’un groupe pro, raconte le Vaudois du FC Lugano, il a tout de suite été très sûr de lui. C’est un motivateur hors pair. Avant chaque match, il se charge en émotions.» Les murs des vestiaires de Tourbillon devraient bientôt être recouverts de citations et de mots forts comme le furent ceux du Cornaredo.
Avant de chercher le remplaçant de Fournier, Christian Constantin avait pris soin de solliciter ses antennes tessinoises. Tous les retours l’ont convaincu de la justesse de son choix. «Quand des remplaçants admirent l’entraîneur qui ne les fait pas jouer, c’est plutôt bon signe», n’a-t-il pas manqué de noter. Bien que son épouse soit originaire du Val d’Aoste et francophone, Tramezzani ne maîtrise pas la langue de Molière. Il a promis de s’exprimer en français avant la reprise.
Constantin voit déjà en lui le nouveau Bigon, l’homme providentiel qui doit conduire le FC Sion au sommet de la hiérarchie, vingt ans après le dernier titre de champion. (Le Matin)