FC Sion: Stielike en sursis
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Pour Ulli Stielike (à g.), les joueurs doivent prendre leurs responsabilités. Pendant ce temps, Christian Constantin cherche des solutions.A+ A- Imprimer RSS Envoyer Recommander Réagir Si vous avez manqué le début
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FC Sion
NE XamaxChristian Constantin a différé le verdict au sujet du sort de son coach. L'idée d'un échange d'entraîneurs avec Xamax fait son chemin.
Nicolas Jacquier - le 06 octobre 2008, 23h06
Le Matin
16 commentaires
Plongeant le FC Sion dans la tourmente, le 5-0 encaissé la veille à Berne a laissé des traces. «Je suis encore trop chaud et énervé pour prendre une décision.» Au sujet de l'avenir de son entraîneur, Christian Constantin a préféré différer hier son verdict. Le président du FC Sion entend se donner quelques jours supplémentaires avant de trancher. «J'aimerais faire ça de façon scientifique, en incluant tous les paramètres, indique le boss de Tourbillon. C'est ouvert, je n'exclus rien. Je veux aussi que mon entraîneur me présente son plan d'action pour remonter la pente.»
Sur le banc des accusés, Ulli Stielike n'est pas seul. «On me répète par A + B que l'ambiance est excellente, mais ce n'est pas en faisant de la passe à dix qu'on obtient des résultats sportifs. Mon équipe, c'est l'hôtel des culs tournés. Tout le monde se dérobe devant le ballon. Sion ressemble plus à un camp de villégiature qu'à une équipe de football! Chez nous, le mot lutte n'existe pas.»
Leur place naturelle?
En attendant le verdict présidentiel, c'est toujours Ulli Stielike qui, ce matin, dès 9 h 30, dirigera un entraînement en petit comité - sept internationaux «valaisans» (El Hadary, Kali, Vanczak, etc.) ayant rejoint leur camp de base. Pour l'entraîneur, au bénéfice d'un contrat de 3 ans, le problème est surtout mental: «Une équipe qui ne progresse pas, c'est la première fois que je vis ça. Si un orchestre change six fois de chef au pupitre et continue de jouer la mauvaise partition, c'est peut-être que le problème se situe dans la qualité des musiciens. (...) Aujourd'hui, il faut trouver des solutions, pas des excuses.»
L'ancien sélectionneur helvétique reste donc provisoirement l'homme de la situation en Valais. Jusqu'à nouvel avis. Ou la prochaine défaite. «Je ne veux rien précipiter, reprend Constantin. Hormis la Coupe, notre prochain match, c'est le 25 octobre contre GC.» En filigrane se profile déjà la solution, en dernier recours, d'un échange entre le «Neuchâtelois» Stielike et le «Valaisan» Clausen. Le premier a déjà joué (de 1985 à 1987) et entraîné (de 1992 à 1994) NE Xamax alors que Sion n'a jamais aussi bien joué que lorsque le second s'en occupait avant de claquer la porte de Tourbillon, en octobre 2006.
Lancée hier par «Le Matin», cette solution conjointe aurait l'avantage de remettre chacun à sa place naturelle. Constantin lui-même ne l'écarte pas en théorie, malgré le clash qui l'avait opposé à l'Argentin. «Nestor, je l'aime bien. Je ne dis d'ailleurs jamais de mal de quelqu'un que j'ai aimé. J'ai lu qu'il avait eu honte, j'ai aussi eu honte. Cela nous fait au moins un point commun!» Alors, se dirige-t-on vers un échange d'entraîneurs, Stielike et Clausen se croisant sur le banc? Cette hypothèse est-elle crédible dans le contexte actuel? «Pour l'heure, répond Constantin, la seule chose que je peux faire avec Bernasconi, c'est créer l'association des présidents couillons! (Rires.)» Et vous, que pensez-vous d'un possible deal entre deux clubs en crise? Le débat est lancé.
NE Xamax: Clausen voulait partir, son président le retient
«Nestor (Clausen) voulait nous quitter dimanche soir. Il était dégoûté par ce qui s'était passé. Je lui ai dit: «Non, tu restes! Xamax a besoin de toi.» Après le nul catastrophique concédé par son club contre Bellinzone dans le temps additionnel, Sylvio Bernasconi a dû s'employer à fond pour convaincre l'Argentin de ne pas mettre ses menaces de démission à exécution. «Généralement, les entraîneurs se cramponnent à leur contrat. Cette fois, c'est moi qui me cramponne à mon entraîneur! s'exclame le boss de la Maladière. Nestor nous a sauvés une fois. Il va bien réussir à nous sauver une deuxième fois. Je suis sûr que Clausen va trouver les solutions qui s'imposent.»
Pour le président de Xamax, un changement sur le banc n'est pas à l'ordre du jour. «J'en ai marre de devoir chaque fois changer. Ça me gonfle vraiment. Nestor dirigera donc Xamax à Lausanne en Coupe et contre Lucerne. Ensuite, le cas échéant, on discutera.» Quant à un éventuel deal avec le FC Sion - sous forme d'un échange d'entraîneurs -, Sylvio Bernasconi préfère ne pas y penser. «Je ne veux pas réfléchir à ce type de solution. Et puis Ulli ne veut pas jouer sur du synthétique! Il déteste ça et l'a assez dit. Alors si je dois encore changer de surface en même temps que d'entraîneur...»
On en reparlera peut-être.
Le nouvelliste
La révolution attendra
7 octobre 2008 - STÉPHANE FOURNIER - Il y a 2 commentaires
FC SIONLe président du club valaisan demande un plan d'action à Uli Stielike. Sa critique n'épargne personne.
La routine rattrape Christian Constantin. Son téléphone portable ne quitte pas l'alimentation par le secteur et les appels se suivent sans interruption. La question se répète des dizaines de fois au bout du fil : «Uli Stielike est-il toujours l'entraîneur du FC Sion?» L'abonné mobile atteignable gère parfaitement ces lendemains de défaite qui provoquent un véritable embouteillage sur le réseau de la région martigneraine. «Je me calme et je réfléchis», répond-il. L'interlocuteur ne perçoit aucune irritation. La visite dans le bureau du président du club valaisan confirme l'impression auditive. Elle découvre un homme serein, presque étranger à l'agitation extérieure dont il est l'épicentre. «Je suis deux fois plus fou qu'hier», lâche-t-il. «J'ai dit à Uli tout à l'heure: je ne souhaite pas que nous parlions maintenant, je ne serais pas objectif. Tout se passe encore dans l'émotionnel. Notre rencontre n'était pas planifiée, nous avons bu un café ensemble.» Son attitude contraste avec cette agitation intérieure. «Attention, je ne me mettrai pas non plus des rondelles de saucisson devant les yeux.» La suite du dialogue confirme le bouillonnement d'idées. Il touche toutes les composantes du club. Le tour d'horizon est large et n'épargne personne.
» Uli Stielike. L'Allemand est toujours l'entraîneur de Sion. «Je lui ai demandé de me présenter un plan d'action pour la progression du groupe», explique Constantin. «Il doit absolument modifier son état d'esprit et ses exigences vis-à-vis des membres de son encadrement et des joueurs. Dans le cas contraire, une poursuite de notre collaboration sera difficile. Accepter que son assistant rejoigne l'équipe à 11 heures le jour même du match est une légèreté grave. Le déplacement au Mont pour observer notre adversaire en coupe de Suisse le samedi te permet d'être à Berne en cours de soirée. Une armée se déplace à la guerre avec tout son effectif, du premier officier au dernier soldat. J'ai beaucoup de respect pour Uli, mais sa gentillesse le perdra.»
«Je n'ai vu personne mettre la gueule où ça fait mal pour marquer» CHRISTIAN CONSTANTIN
» Les coupables. «Personne dans ce club ne mesure sa chance d'être là, du premier au dernier salarié. Chacun voit les fautes de l'autre et ignore les siennes. Nous disputons le onzième match du championnat avec des joueurs en surcharge pondérale. On me désigne Stéphane Troillet, l'un des préparateurs physiques, comme responsable, on l'écarte et rien ne change. Les relations entre l'encadrement technique et mon directeur sportif sont tendues. Je donne un mois de vacances à Paolo Urfer et rien ne change. Les excuses n'ont pas manqué: les pulls à Aarau, Troillet, puis Urfer. Je suis mécontent de tout ce qui touche le domaine technique. Je ne comprends pas le plaisir que ressentent les joueurs à être la risée du pays.»
» Le manque de caractère. «Le Valais est un lieu de villégiature qui convient parfaitement à nos joueurs. Les feuilles jaunissent, on fait les vendanges, le cadre est parfait. Dimanche, j'ai vu des mauviettes sur le terrain. Zambrotta est champion du monde, il a mis le visage devant le pied d'Adriano lors du derby Milan - Inter pour empêcher un tir. Dès qu'un joueur de Young Boys menaçait de tirer dimanche, les nôtres ouvraient l'hôtel des culs tournés, tous le dos au ballon et si possible loin de sa trajectoire. Nous avons tiré septante coups de coin depuis le début de saison, je n'ai vu personne mettre la gueule où ça fait mal pour marquer.»
» Les expulsions. «Je fous des dizaines de milliers de francs d'amende pour les cartons rouges stupides récoltés depuis le début de la saison et je vois Julien Brellier se faire sortir pour la deuxième fois de la saison. Son statut de remplaçant semblait l'embêter, je l'ai convoqué après le match contre Neuchâtel et je l'ai recadré. Le tout pour le voir prendre deux avertissements en seize minutes. La question de me séparer de lui se pose aujourd'hui (ndlr. Bertrand Fayolle, joueur français, avait été licencié pour ce motif lors de la saison 2000/2001 sous la présidence de Gilbert Kadji).
» Paolo Urfer. «Il est toujours directeur sportif du FC Sion. Je ne suis pas content de lui comme des autres employés du club. La remise en cause de son travail implique du recul, je lui ai donné un mois de vacances. Il reviendra dans un autre rôle. Je ne peux plus lui laisser carte libre sur tous les transferts comme je l'ai fait. Mais il a aussi réalisé de bonnes choses.»