Six mois de prison ferme pour le hooligan
FC SION
C’est la plus lourde condamnation infligée par la justice à un supporter valaisan du FC Sion. Une première qui se veut un signal fort.
GILLES.BERREAU@LENOUVELLISTE.CH
Le Tribunal de Sion a condamné à six mois de prison ferme le supporter du FC Sion qui avait lancé un gros pétard dans les gradins de Tourbillon lors du match contre Saint-Gall en mars 2017. Ce hooligan valaisan de 27 ans avait blessé deux enfants de 12 et 14 ans au bas de la tribune nord. Les victimes avaient subi des troubles auditifs.
Ce ferblantier-couvreur a été reconnu coupable de lésions corporelles simples avec objet dangereux, de violation de la loi sur les explosifs, mais aussi de violation de domicile. Car cinq mois après avoir allumé ce pétard, il a tenté d’assister au match Sion – Bâle, malgré une interdiction de stade de dix ans décrétée par le club.
Récidiviste
Des peines allant jusqu’à 90 jours avaient déjà été prononcées contre des Valaisans. Mais six mois ferme, c’est du jamais vu. Pour la justice, il est clair que cet homme n’a pas pris la mesure de la gravité de ses actes. Cependant, pour infliger une peine ferme, le Tribunal de Sion devait retenir la récidive. Il a pu le faire, car cet homme avait déjà été condamné par le passé pour des faits, il est vrai, n’ayant rien à voir avec le monde du foot. Mais il ne s’agissait pas d’infractions anodines, avec notamment l’incendie volontaire d’une voiture.
Procureur chargé du dossier, Olivier Elsig avait demandé une année de prison dont six mois ferme. Il se montre satisfait du verdict. «C’est un signal fort, mais nécessaire, qui est donné à ces personnes par la justice valaisanne. Il est important qu’une personne soit punie lorsqu’elle met en danger des gens lors d’une manifestation sportive.»
Et cette condamnation passe plutôt bien parmi les groupes de supporters de la tribune nord de Tourbillon, même s’ils rappellent l’aspect de récidive qui ne concerne en rien le milieu du football. «Nous sommes clairement opposés à l’utilisation de pétards depuis cette affaire.» Leur porte-parole explique que «les auteurs d’actes répréhensibles doivent en assumer les conséquences».
«Un signal clair», selon la police cantonale
Ce verdict satisfait aussi évidemment la police cantonale, confrontée régulièrement à ce phénomène lors de divers événements sportifs. «La violence dans le sport est un véritable fléau qu’il convient de combattre avec fermeté», estime son commandant Christian Varone, qui parle de «signal clair donné par cette décision de justice».
Interrogé sur l’efficacité d’une telle condamnation, le porte-parole des groupes de supporters tempère toutefois. «Pas question de justifier un tel acte. Mais pour que le message soit encore mieux compris, il faudrait que la justice soit tout aussi sévère avec, par exemple, ce pédophile qui s’en est sorti récemment avec du sursis dans le canton de Vaud.»
Le hooligan valaisan avait blessé deux enfants de 12 et 14 ans au bas de la tribune nord en lançant un pétard dans les gradins. shutterstock
Un précédent franco-servettien
En Suisse, en cas de lésions corporelles graves par des hooligans, de lourdes condamnations de plusieurs années de prison sont régulièrement prononcées, comme ce fut le cas à Lucerne en 2017. Mais les lésions corporelles simples et autres infractions sont aussi combattues. «En Valais, nous prononçons plusieurs condamnations par ordonnance chaque année contre les hooligans. Nous ne désarmons pas contre ces gens qui pourrissent ces manifestations sportives par leur comportement», indique le premier procureur du Valais central, Olivier Elsig.
Jusqu’à ce jugement, une seule peine allant jusqu’à six mois de prison ferme avait été prononcée en Valais. C’était à la suite des échauffourées et du blocage d’un train de supporters en gare de Sion en mars2013. Elles concernaient six Français en provenance de Sochaux et liés à des supporters servettiens. Des peines fermes qu’ils ne devront purger que s’ils reviennent en Suisse.
Le Nouvelliste