ALERTE - Paris SG-Panathinaïkos: 2000 policiers, Boulogne basse reste fermée
PARIS - La sécurité du match Paris SG-Panathinaïkos sera assurée par 2.000 membres des forces de l'ordre mercredi, tandis que la partie basse de la tribune Boulogne restera fermée, a indiqué mardi Christophe Caresche, adjoint à la sécurité (PS) à la mairie de Paris, après une réunion à la Préfecture de police.
hola a écrit :J'en oublie surement, et des meilleurs.... Meme Collard se sortais avec peinne des embrouilles que racontais son "client"
Dans le genre, Collard c'est non plus pas un immense gage de sécurité...
et question clients peu éclairés faut se souvenir qu'il avait eu l'ami Virenque dans les pattes..à "l'insu de son plein grès"
J'ai mis "clients" car c'est lui qui les choisis, pour ca pub... Fallais bien qu'il saute sur le coup avant que Verges (lui qui aurai rêvé de déffendre hitler) le lui pique...
2000 flics mobilisés pour PSG - panatinaikos, c'est pas énorme... Lors des matchs d'Yverdon Sports, y'a aussi 2000 flics... pas pour la sécurité, mais pour augmenter le nombre de spectateurs
Ca risque effectivement de fritter entre les indèp' de Paris et les "sang chaud" du Pana ce soir. Mais si t'arrives pas à faire régner un semblant d'ordre avec 2000 policiers.... 1 flic pour 20 spectateurs et sûrement 1 flic pour 0.25 "hools".
FOOTBALL Le PSG retrouve le Parc des Princes ce soir, trois semaines après le décès d’un ultra parisien, abattu par un policier. Quelles sont les valeurs défendues par ce mouvement? L’éclairage de Sylvain Gilliéron, actif dans le milieu.
PIERRE-ALAIN SCHLOSSER
Publié le 13 décembre 2006
Ce soir, le PSG retrouvera le Parc des Princes pour la première fois depuis les incidents qui ont coûté la vie à un supporter. Au soir du 23 novembre, un homme de 25 ans, un ultra du PSG, était abattu porte de Saint-Cloud par un policier en civil. Ce dernier était venu en aide à un supporter israélien, poursuivi par une horde de plusieurs dizaines de Parisiens hurlant des propos antisémites.
En vertu de cette issue dramatique, le match PSG - Panathinaïkos de ce soir, comptant pour la Coupe de l'UEFA, sera classé à haut risque par l'instance européenne de football. Les mesures mises en place pour cette rencontre sont impressionnantes. Plus de 2000 policiers et entre 600 et 700 stadiers veilleront à la sécurité de ce match; quelque 200 supporters seront interdits de stade: la partie basse de la tribune de Boulogne, regroupant les «indépendants», soit les supporters les plus violents sera fermée. En outre, un délégué à la sécurité a également été nommé par l'UEFA.
Ce dispositif correspond aux moyens déployés lors des grandes finales européennes ou à l'occasion d'un PSG-OM, alors même que seuls mille Grecs sont attendus à Paris.
Hommages à Julien Quemener
Depuis trois semaines, les hommages à Julien Quemener, le jeune ultra abattu à Paris, affluent de toute l'Europe. Un site internet (http://justicepourjulien.fr) a été créé en sa mémoire alors que les principaux groupes ultras de France et d'Italie ont montré leur solidarité avec les Boulogne Boy s dont était issu Julien Quemener.
Mais qui sont les ultras? Sylvain Gilliéron, président et fondateur de la Section Ouest (SO), chère au Lausanne Hockey Club: «Ce sont des supporters garants de la tradition et de la philosophie du club qu'ils suivent. Des valeurs qui ne sont plus défendues par les dirigeants et les joueurs. Un exemple: les ultras n'accepteraient pas que leur club change de couleur pour faire plaisir à un sponsor. Rejoindre un groupe ultra , c'est avant tout faire l'expérience d'une vie en collectivité avec le respect de valeurs telles que l'humilité, l'abnégation et l'amitié.» Rien à voir donc avec le hooliganisme dont les adeptes se rendent au stade dans l'unique but de se battre.
D'ailleurs, être ultra n'est pas donné au premier venu. Fort d'une expérience de treize ans dans le mouvement, Sylvain Gilliéron en rappelle les points essentiels: «Il y a d'abord la présence «partout et tout le temps» au match, que ce soit à domicile ou à l'extérieur. Une présence rythmée par des chants, des gestuelles, des tifos (n.d.l.r.: des animations souvent sous forme de fresques colorées) et des banderoles à l'effigie du groupe ou du club. Point important: le groupe agit de façon autonome par rapport au club et s'autofinance par des cotisations.»
En Europe, le nom des groupes ultra renvoie souvent à la guerre ou à la violence. Ainsi, en Italie, on retrouve par exemple les Brigate Rossonere du Milan AC, les Nuclei Armati Bianconeri (en référence aux noyaux armés prolétariens) de la Juventus ou les Warriors (guerriers) de Brescia. Histoire sans doute d'impressionner un peu plus les supporters adverses.
Dans la Botte, le mouvement est hélas souvent rongé par l'extrémisme de droite. «En Suisse, la majeure partie des groupes ultras est apolitique, précise Sylvain Gilliéron. Quant à la violence, elle n'est jamais un but.»
La solidarité entre supporters prend définitivement de l'ampleur, et a même cette fois dépassé les frontières. A l'occasion du derby romain entre la Lazio et l'AS Rome, dimanche (3-0), des supporters de la Roma ont ainsi dressé une banderole indiquant, en français dans le texte, «Sarkozy, la racaille, c'est la Police». Celle-ci a été déployée en signe de solidarité avec les supporters du Paris-SG, suite à la mort à Paris d'un supporter, le 23 novembre après la rencontre de Coupe de l'UEFA entre le PSG et l'Hapoël Tel Aviv.
VIOLENCE. A la suite des tragédies du Heysel et de Sheffield, à la fin des années 80, l'Angleterre du football a fait sa révolution. Elle compte quelques longueurs d'avance sur ses voisins européens.
Ludovic Chappex, Mardi 19 décembre 2006
Chaque semaine, les mêmes scènes de violences continuent de pourrir les grands championnats de football. Insultes, gestes obscènes, bagarres: ces débordements incontrôlés débouchent parfois sur des drames. Le 23 novembre dernier, la mort d'un supporter du Paris Saint-Germain (PSG), tué par balle par un policier, avait mis la France en émoi. Depuis, les débats se succèdent. Que faire pour en finir avec le hooliganisme?
En la matière, une grande nation de football, l'Angleterre, sert aujourd'hui d'exemple, elle qui a fait sa révolution bien avant toutes les autres. L'Angleterre, où l'on a commencé par enfermer les supporters derrières des grillages, jusqu'à ce que les traumatismes du Heysel (1985, 39 morts) et de Sheffield (1989, 96 décès), provoquent un revirement salutaire.
A tel point qu'aujourd'hui, près de la moitié des matches des quatre divisions professionnelles s'y disputent sans présence policière. «Ce qui a changé, c'est que l'on a introduit une culture de la sécurité, pas seulement une culture sécuritaire», résumait dans le journal L'Equipe un haut responsable de la section football de la police britannique. Pour que les stades anglais deviennent des endroits sans danger, ce qu'ils sont aujourd'hui, le gouvernement, les clubs et la police ont travaillé main dans la main.
Arsenal législatif: Pour commencer, la Grande-Bretagne instaure, dès 1986, des interdictions de stade. Puis, dans la foulée du drame de Sheffield, en 1989, le gouvernement commande un rapport qui va préconiser un réaménagement des enceintes sportives. Toutes les places debout sont progressivement remplacées par des sièges individuels et nominatifs, ce qui rend possible le contrôle des spectateurs, grâce à l'installation de caméras de surveillance.
Sur le plan législatif, on applique le principe de tolérance zéro, jusque chez les mineurs. Si les grilles autour du terrain sont supprimées - une révolution - le Football Offences Act, voté en 1991, introduit parallèlement trois nouveaux délits: pénétrer sur le terrain, entonner des chants racistes ou lancer un objet sur la pelouse revient désormais à s'exclure des stades. Après la Coupe du monde 1998, où des supporters anglais sont à l'origine d'émeutes, le Football Discorder Act, voté en 2000, serre encore la vis d'un cran. Le texte prévoit notamment une peine maximale de 10 ans de prisons pour une action violente dans l'enceinte d'un stade.
Tribunes sous contrôle: Au cours de cette mutation, qui aura duré plus d'une décennie, les clubs de Premier League ont joué un rôle absolument essentiel, en reprenant le contrôle des gradins, qui, historiquement, appartenaient aux supporters. Une telle démarche fait précisément défaut dans les championnats français et italiens. «Dans le Calcio et en L1, les dirigeants ont abandonné des pans de tribunes à des groupes de supporters. Ces derniers gèrent souvent jusqu'à la vente des billets, comme c'est le cas à Marseille. Et les stadiers tout-puissants entretiennent un rôle ambigu. Ils laissent entrer qui ils entendent. Difficile dans ces conditions d'enrayer le hooliganisme», affirme Edmond Isoz, directeur de la Swiss Football League. «Ces zones exclusives encouragent la violence, elles favorisent une sorte de solidarité de groupe et un sentiment d'impunité collective», estime aussi John Williams, directeur du Centre de sociologie du sport de l'Université de Leisester, cité par Le Monde. Tout le contraire de ce qui prévaut aujourd'hui Outre-Manche, où il n'est plus question que des supporters, à l'instar des Boulogne Boys du PSG, monopolisent un espace spécifique dans les tribunes. En cela, l'Angleterre s'est inspirée des Etats-Unis, où les enceintes sportives tiennent lieu de sanctuaires, coupés de leurs conflits urbains.
«Contrairement à beaucoup de clubs européens, tous leurs homologues anglais ont démontré qu'ils voulaient faire le ménage chez eux», nous explique Jean-Pierre Larrue, responsable de la sécurité au Parc des Princes entre 2004 et 2005, qui a fait les frais du laxisme de ses dirigeants. Les responsables parisiens sont-ils donc menottés par leurs supporters? «Le PSG laisse faire pour conserver la paix sociale, avoue aujourd'hui Jean-Pierre Larrue. Quand j'ai tenté de réformer le système, en voulant exclure les extrémistes du stade, nous avons reçu de sérieuses menaces, et tout le monde a pris peur. Si seulement les dirigeants des autres clubs et les instances de la ligue nous avaient suivis... Mais ils ont tous considéré qu'il s'agissait d'un problème parisien. Ils redoutaient, pour des motifs économiques, de se voir imposer la même politique sécuritaire que celle envisagée au Parc, si elle avait fait ses preuves.»
Interdictions de stade: Côté anglais, l'aspect dissuasif des interdictions de stades a depuis longtemps démontré toute son efficacité. Ces mesures concernent actuellement trois fois plus de personnes qu'en France (1038 en Premier League contre 300 en Ligue 1), mais surtout, leur application se veut beaucoup plus stricte. Car exclure quelqu'un d'un stade ne saurait se résumer à un décret. La loi oblige ainsi les contrevenants à pointer les soirs de matches, dans un poste de police suffisamment éloigné. Du coup, pas question de rentrer au stade avec la complicité d'un stewart. Et quand bien même, les caméras de surveillance veillent aux abus. De quoi décourager durablement les supporters incriminés. Une note du Home Office, le ministère de l'Intérieur anglais, relève ainsi que sur les 1776 personnes qui ont fini de purger leur peine depuis l'Euro 2000, seules 69 ont récidivé depuis. CQFD, le système fonctionne.
Des clubs cotés en Bourse: Si les instances du foot anglais, suivies en masse par les clubs, ont pris sans arrière-pensées des mesures aussi radicales, c'est aussi que le contexte économique s'y prêtait. Dès le début des années 90, avec l'arrivée du groupe Murdoch et la TV par satellite, les droits de diffusion explosent, franchissant rapidement la barre du demi-milliard. Aujourd'hui, loin de voir le public déserter ses stades, comme c'est actuellement le cas dans le Calcio (L T du 17.12.2006), la Premier League affiche complet à chaque journée de championnat. Les clubs anglais sont cotés en Bourse, et les recettes des matches sont près de trois fois supérieures à celles des autres grandes ligues. Ceci expliquerait-il cela? Toujours est-il qu'en Angleterre, personne ne cherche à ménager la frange extrémiste de son public, comme c'est le cas de certains clubs, notamment en Italie. La rareté des billets et leur coût très élevé constituent au contraire une façon de filtrer les supporters. Ainsi, le prix de l'abonnement standard pour une saison dans les gradins de l'Emirates Stadium, le nouvel antre d'Arsenal, s'élève aujourd'hui à plus de 4000 francs. Un tarif dix fois supérieur à celui pratiqué par le Paris Saint-Germain.
(Le Temps 2006)
"Comment se fait-il que personne ne me comprenne et que tout le monde m'aime"? Albert Einstein
Le Paris Saint-Germain a obtenu une réunion avec le contrat local de sécurité (CLS) pour étudier de nouveau la possible réouverture des tribunes R1 et R2 de Boulogne. Cette réunion, qui se tiendra jeudi, dira ou non si cette réouverture est possible. Pour obtenir gain de cause, les dirigeants parisiens ont dû se plier à plusieurs conditions comme la mise en place de tourniquets pour le contrôle des supporters et la signature d'une charte contre les violences et discriminations. En cas de réponse positive, cette réouverture pourrait même intervenir dès ce week-end, pour la réception de Sochaux. L'horaire de la rencontre n'a toujours pas été fixé.
Les avis c'est comme les trous de balle, tout le monde en a un.
ALERTE - Paris SG - Réouverture de la partie basse de la tribune Boulogne
PARIS - La Préfecture de police de Paris a autorisé jeudi la réouverture de la partie basse de la tribune Boulogne du Parc des princes, fermée depuis la mort d'un supporteur du Paris SG le 23 novembre, a-t-on appris auprès de Christophe Caresche, adjoint à la sécurité (PS) à la mairie de Paris.
Jean-Pierre Larrue, ancien directeur de la sécurité du Paris-SG, a accordé à Charlie Hebdo une interview marquante, que nous reproduisons ici dans son intégralité.
Note de la rédaction : suite à la mort d'un supporter, le 23 novembre dernier Porte de Saint-Cloud – au cours d'un lynchage auquel la victime semble avoir participé (lire le dossier réalisé par L'Équipe Magazine ce week-end) –, les témoignages d'experts ou de parties prenantes au dossier du hooliganisme parisien se sont multipliées. Parmi ceux-ci, Jean-Pierre Larrue, ancien responsable de la sécurité du Paris Saint-Germain, qui s'était trouvé au cœur des conflits ayant opposé le clubs et ses associations de supporters, au cours de la saison 2004/2005.
Nos confrères de Charlie Hebdo nous ont autorisés à reproduire cet entretien (paru le 13 décembre dernier), qui recèle nombre de points de vue très intéressants… mais qui nous incite aussi à apporter quelques éléments de doute ou de contradiction. La confrontation pacifique entre Charlie Hebdo et un ancien flic qui représente encore l'ordre, à bien des égards, a certes quelque chose d'ironique, mais elle présente surtout l'inconvénient de favoriser, dans le texte reproduit, un discours entièrement à charge et, surtout, l'amalgame entre Ultras (ou supporters) et hooligans (ou "voyous") – amalgame massivement répercuté par les médias à la suite de l'événement et qui contribue encore aujourd'hui à une situation de blocage et d'incompréhension. Cet amalgame (qui explique d'ailleurs en grande partie l'échec de M. Larrue – lequel n'examine pas beaucoup ses propres responsabilités) n'exonère pas les associations de supporters, qui au contraire y ont contribué avec leurs ambiguïtés et leur faiblesse politique. Mais sa dissolution constitue certainement une des clés qui permettront, un jour, au débat d'évoluer positivement. Nous y reviendrons...
Jean-Pierre Larrue, ancien commissaire divisionnaire de la Police nationale, a été directeur départemental de la sécurité publique en Corse, chef du Groupe d’intervention de la police nationale (GIPN) à Bordeaux et commissaire de plusieurs arrondissements parisiens. Mais son expérience la plus redoutable a été celle de directeur de la sécurité du PSG. Interview.
Charlie Hebdo : Vous avez pris vos fonctions au PSG en août 2004, vous en êtes parti en mai 2005. Les supporteurs du PSG ont mis moins d’un an à avoir votre peau…
Jean-Pierre Larrue : Oui, et pourtant, les voyous, c’est en quelque sorte mon métier. J’ai trente-cinq ans d’expérience dans la police. Dans ma vie, on m’a tiré dessus six fois à bout portant! j’étais donc calibré pour le poste. J’avais par ailleurs, au moment où j’ai pris mes fonctions, le soutien du président du PSG, Francis Graille, et celui de la Ligue de foot et de son président, Frédéric Thiriez. À cette époque, l’image du PSG était déjà désastreuse. Durant la saison précédente, un match PSG-Strasbourg avait dégénéré. Les affrontements entre supporteurs du PSG avaient fait cinquante blessés, et les mêmes avaient pratiquement détruit la voiture de Thiriez lors d’un match au Mans.
« Les noms inscrits sur les cartes d’abonnement ne correspondent pas aux identités réelles. »
Comment se passent les premiers contacts avec les supporteurs?
Mal. Lors de mon pot d’arrivée, les associations de supporteurs ont annoncé la couleur : « On n’en a rien à foutre de toi, ici, on est chez nous… » Il faut dire que je ne venais pas du foot, je n’étais pas parisien, et j’étais ancien flic. J’étais donc pour eux totalement illégitime.
Les premières escarmouches n’ont donc pas tardé?
En effet. J’ai proposé à Francis Graille différentes mesures pour ramener l’ordre. Je souhaitais que l’on résilie les abonnements des supporteurs coupables d’infractions constatées par la justice. Je souhaitais sanctionner tous les délits, du cri de singe au salut nazi, en passant par le jet de fumigènes. Nous avions aussi à cette époque un problème très grave à régler: nous ne savions pas exactement quelle était l’identité des fauteurs de troubles. Les noms inscrits sur les cartes d’abonnement ne correspondaient pas aux identités réelles. On ne pouvait donc pas identifier l’ennemi! J’ai donc demandé que la délivrance des cartes d’abonnement se fasse contre présentation d’une carte d’identité. Les supporteurs ont rejeté mes propositions en bloc. À partir de là, la guerre, la vraie, allait commencer.
« Les durs du PSG sont des maîtres ès chantages et manipulations. »
Comment s’y sont-ils pris?
Vous savez, les durs du PSG sont des maîtres ès chantages et manipulations. Pour avoir ma peau, ils ont décidé de frapper le club au portefeuille. C’est tout bête, mais c’est diabolique. Ils ont donc multiplié les incidents et les bagarres dans l’enceinte du Parc des Princes et à l’occasion de matchs à l’extérieur pour que la Ligue sanctionne financièrement le club. Puis, pendant le match, ils déployaient d’immenses banderoles pour bien faire comprendre le sens de leurs actes : «Graille, cette amende t’est offerte». Ils s’en sont également pris aux sponsors du club, comme Thomson, en déployant une autre banderole, «Thomson marchand d’armes». Leur but était également d’affoler Canal+, alors propriétaire du PSG. Entre les amendes qui plombaient les finances du club et les sponsors qui menaçaient de lâcher, les dirigeants ont commencé à trembler. Leur manoeuvre a bien marché! Ils ont aussi menacé de couper les câbles de retransmission télé des cars régie. Panique à bord!
On a tout de même du mal à comprendre comment quelques centaines de hooligans font trembler Canal et le PSG…
Détrompez-vous, je n’avais pas affaire à quelques centaines de hooligans, mais à des milliers! Je m’explique. On parle toujours, et uniquement, des racistes et des nazillons qui peuplent les tribunes R1 et R2 de Boulogne. Mais les plus violents — environ deux mille personnes! — sont dans les tribunes du dessus. Et par ailleurs, il y a également beaucoup de violence dans la tribune Auteuil, vous savez, la fameuse tribune des «blancs-blacks-beurs», décrite parfois comme un repaire d’angelots. Là-bas aussi, ça cognait sec. Les deux tribunes, Auteuil et Boulogne, se haïssent, comme chacun sait, mais ce qu’on sait moins, c’est que pour nous liquider, Graille et moi, ils ont fait alliance. Auteuil plus Boulogne, ça fait douze mille personnes.
« Les hooligans du PSG ont réussi à obtenir l’appui des autres hooligans de Marseille, de Saint-Étienne, de Strasbourg. »
Vous aviez tout de même l’appui des dirigeants de la Ligue…
De moins en moins. Les hooligans du PSG ont réussi un coup de maître : obtenir l’appui des autres hooligans de Marseille, de Saint-Etienne, de Strasbourg. L’alliance des hooligans, a priori impossible, s’est réalisée pour une raison bien simple : si j’obtenais gain de cause au PSG, tous les clubs français auraient été obligés à terme d’adopter les mêmes mesures. Les supporteurs les plus violents de tous les clubs sont montés au créneau. Un jour, lors d’un conseil d’administration de la Ligue, plusieurs dirigeants de club, et non des moindres, se sont désolidarisés de Francis Graille. Il faut dire que les mesures que je préconisais leur auraient imposé un triplement de leurs services d’ordre. Ils n’en voulaient évidemment pas.
Mais Graille vous soutenait encore, non?
Pour lui, comme pour moi, c’est devenu de plus en plus difficile. Graille avait deux enfants en bas âge, il recevait des menaces de mort, on le suivait en voiture sur le périphérique. Pour moi, c’était pareil, mais peut-être plus violent encore. Un soir, pendant un match, ils chantaient tous en choeur: «Larrue, on t’encule! Ta femme est avec nous, elle nous suce le bout!» Croyez-moi, douze mille types qui chantent ça, c’est dur.
Comment qualifier l’attitude de Canal à cette époque?
Ambiguë. Ils cherchaient déjà plus ou moins à vendre, ils avaient donc intérêt à ce que le club soit plus «clean». Mais ils ne m’ont jamais reçu et ne nous ont pas soutenus dans la tourmente.
« Les mesures que je préconisais auraient imposé un triplement du service d’ordre. Le PSG n’en voulait évidemment pas. »
Francis Graille est limogé en mai 2005, vous subissez le même sort quinze jours plus tard. Depuis, peu de mesures ont été prises pour régler le problème. Pourquoi?
D’abord, je vous l’ai dit, en raison du nombre de supporteurs concernés à des degrés divers. Quand vous touchez un cheveu d’un de ces types, les deux tribunes se solidarisent et c’est douze mille personnes qui boycottent le club. L’enjeu financier est considérable. Leur pouvoir de nuisance est intact aujourd’hui. Regardez ce qui s’est passé pour le match PSG-Toulouse, que l’on vient d’annuler. La fermeture des tribunes R1 et R2 a généré ce mécanisme de solidarité des douze mille supporteurs. Des centaines, voire des milliers d’entre eux ont menacé de mettre à feu et à sang les abords du stade pendant le match. Les pouvoirs publics ont reculé, et je les comprends. Qui peut garantir la sécurité quand des centaines de hooligans se déchaînent? Qui peut prendre un risque pareil? Résultat: le match a été annulé. Ils ont pris en otage le PSG.
« Quand vous touchez un cheveu d’un de ces types, les deux tribunes se solidarisent, et c’est douze mille personnes qui boycottent le club. »
Pourquoi, depuis tant d’années, ne pas avoir empêché l’accès du stade à ces centaines de types qui poussent des cris de singe et font des saluts nazis? Il y a bien des caméras de sécurité dans le stade, non?
Commençons par la question de l’accès. Je l’ai expliqué, les cartes d’abonnement sont cessibles, ce qui signifie que n’importe qui peut entrer encore aujourd’hui. Ensuite, il faut savoir que beaucoup entrent de force, sans carte d’abonnement. Quand j’étais directeur de la sécurité, j’avais posté des vigiles un peu partout pour empêcher que les supporters se passent les cartes à travers les grilles. Ils terrorisaient ces pauvres gars, qui finissaient par laisser faire… En ce qui concerne les cris de singe et les saluts nazis, vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile de les coincer. Prenons le cas d’un type qui fait des cris de singe. Les caméras vont le filmer, mais on n’entendra pas distinctement ce qu’il dit. Il va expliquer qu’il insultait un joueur, qu’il en a le droit, et personne ne le dénoncera. Cette scène, je l’ai vue cent fois !
« Qui prendra le risque de faire quinze blessés pour sortir un type qui a fait un salut nazi ? »
Pour les saluts nazis, c’est plus simple, non?
Mais non ! Au Parc des Princes, tout le monde est debout. Le gars qui fait son salut s’accroupit un instant, change d’anorak, se met une cagoule sur la tête, fait son salut, s’accroupit à nouveau, enlève sa cagoule, et ressurgit dans la foule quelques mètres plus loin. Si par hasard un flic des RG parvient à l’identifier et l’attend à la sortie pour l’appréhender, il se heurte à ses cinquante copains ultra-violents qui font bloc autour de lui. Qui prendra le risque de faire quinze blessés pour sortir un type qui a fait un salut nazi ?
Mais un texte de loi a été voté en juin 2006, permettant de prendre des mesures d’interdiction de stade à titre préventif…
Oui, mais le préfet de police, qualifié pour prononcer l’interdiction, doit motiver précisément ses décisions, les appuyer sur des faits précis. La rigueur du texte empêche un traitement de masse. Et puis, comment faire, quand personne ne témoigne?
Les avis c'est comme les trous de balle, tout le monde en a un.