FC Sion, le coeur et le jarret
Combatifs, portés par la belle énergie de Tourbillon, les Valaisans tiennent Bâle en échec (1-1) et essaiment les promesses d’une saison de Super League disputée – enfin…
Samedi soir à Tourbillon, une fois le match au sommet consommé entre Sion et Bâle (1-1), les Valaisans ont dû se plier au jeu de la grande question qui tue à l’heure de l’interview: un point de gagné ou un point de perdu? Et puis un esprit mieux doté que les autres est intervenu pour rappeler que dans le football moderne, quand on fait nul, on perd deux points…
Bref. Cela n’est pas toujours le cas en Super League mais sur ce coup-là, les débats ont volé plus haut sur le terrain qu’en salle de presse. Parce que la confrontation entre le leader sédunois, qui avait remporté ses trois premiers matches, et le triple champion sortant a tenu bien des promesses… et les 14 850 spectateurs en haleine. «Guichets fermés!», s’est époumoné le speaker, et il y avait de quoi: d’après l’incollable suiveur du «Nouvelliste», Tourbillon n’avait pas fait salle comble depuis la venue du Lausanne-Sports – qui se terminait encore par un «s» à l’époque – à l’occasion du titre valaisan de 1997, le dernier en date.
Et le prochain, c’est pour le printemps 2013? Tous les Sédunois, le coach Sébastien Fournier en tête, ne veulent pas en entendre parler et ils n’ont pas tort dans le sens où il reste 32 matches au calendrier. Mais l’amateur de sensations fortes et de coude-à-coude débridés peut se réjouir. La présente saison s’annonce plus incertaine que sa devancière et la grinta des croisés «rouge et blanc», leur détermination à bousculer la hiérarchie, n’y sont pas pour rien. «Ce match, c’était un très bon coup de pub pour le football suisse, du haut niveau, avec deux équipes disposées de façon intelligente», a complimenté Heiko Vogel, un entraîneur bâlois pas mécontent de repartir avec un point dans ses valises, à une période de la saison où le club rhénan s’escrime surtout à décrocher une qualification pour la phase de poules de la Ligue des champions.
Bâle, privé d’Alexander Frei mais très solide sur ses assises, a connu le bonheur d’ouvrir le score à la 49e, grâce à la tête de Kovac sur un coup franc de Diaz. Douche froide pour le FC Sion, mené au score pour la première fois de la saison? Non, déluge pour tout le monde, orage sur le Vieux-Pays, coupure d’électricité et interruption du match durant une vingtaine de minutes. Christian Constantin n’a pas pu tirer la prise pour briser l’élan adverse: il est présentement en vacances en Afrique. «C’est le bon Dieu qui a tiré la prise, il fallait bien qu’il se passe quelque chose», rigolait ensuite Sébastien Fournier. Puis, plus sérieux: «On a utilisé cette pause pour recadrer un peu les choses. J’ai surtout dit aux joueurs de rester calmes et concentrés, d’aller chercher les Bâlois un peu plus haut. On en a aussi profité pour préparer les entrées de Serey Die et de Lafferty, qui ont fait du bien.»
Le milieu ivoirien, davantage encore que l’attaquant irlandais, a sonné la révolte, au diapason d’un stade qui jamais ne s’est arrêté de pousser. Leo Itaperuna, qui avait déjà trouvé la barre de Sommer à la 8e minute, a égalisé à la 74e… but annulé pour une faute peu évidente sur un défenseur rhénan. Alors le Brésilien remet l’ouvrage sur le métier et obtient enfin la parité suite à un centre d’Arnaud Bühler (80e). «Ce type a une immense qualité: il travaille comme un fou», commente Fournier qui, avec le précieux concours de son bras droit Gennaro Gattuso, est en train de façonner une équipe à son image, tête dure et coeur en or.
Alors, un point de gagné ou deux de perdus? «On voulait d’abord réaliser une bonne performance, après, pour le résultat, on ne maîtrise pas toujours tout», dit l’entraîneur sédunois. «Vu le scénario, c’est un bon point. Après cette erreur de concentration sur une balle arrêtée, la réaction de l’équipe m’a plu. Ce point, qu’on n’aurait peut-être pas pris il y a encore quelques mois, c’est un signe de bonne santé.»
Même Xavier Margairaz, un mou de nature qui s’est beaucoup battu samedi soir, semble contaminé par la flamme qui anime Tourbillon ces jours. «On peut avoir des regrets sur la première mi-temps parce qu’on sentait que Bâle, qui avait un peu de peine après son match de Ligue des champions mercredi, était prenable», déclare le milieu valaisan. «Mais, même si on se doit de gagner à la maison, il était important de ne pas perdre. Nous avons su garder la tête froide et réagir.»
Verre à moitié plein, chopine à moitié vide, blablabla… Toujours est-il que le public a vu un bon match, que Sion a conservé ses quatre points d’avance sur l’ogre rhénan alors qu’il en reste 96 à distribuer, et que la Suisse du foot a le droit de rêver à une saison de Super League passionnante. C’est déjà beaucoup…
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