À 29 ans, Laurent Roussey vient de passer 13 saisons à jouer pour le maillot vert. Mais son genou défaillant l'oblige à prendre une retraite prématurée. Son avenir ? Il le voyait sur le banc désormais. Après Rouen, Créteil, Sion et Lille (entraîneur adjoint de Claude Puel), le voilà, à 45 ans, de retour chez lui l'an passé, où il devient l'entraîneur adjoint d'Ivan Hasek. Aujourd'hui, l'adjoint a pris la place de son boss. Il attendait ce moment depuis longtemps. A l'aube de la reprise, et en exclusivité pour FranceFootball.fr, Laurent Roussey confie son ambition avec Saint-Étienne mais revient aussi sur les problèmes autour de Zoumana Camara et de Bafétimbi Gomis.
Laurent, comment s'est passée votre nomination au poste d'entraîneur, en lieu et place d'Ivan Hasek ?
Les dirigeants ont accepté le projet que j'ai soutenu pour diriger l'équipe première. Ensuite, cela s'est mis en place tout doucement. Mais vous savez, je ne suis pas nouveau dans la maison. L'effectif et les dirigeants me connaissent, après c'est juste une organisation sur la préparation de reprise.
Mais c'est vous qui avez proposé votre projet ? Oui, à la demande des dirigeants. Ils ont eu un projet d'Ivan Hasek, le mien, de Jean-Marc Furlan je crois aussi et d'autres. Après une rencontre, ils m'ont demandé de prendre la succession d'Ivan.
Qu'a de particulier ce projet ?
Il faudra leur demander. Moi j'ai englobé ma propre vision de ce qu'est le fonctionnement de l'équipe première, des valeurs que je défendrai, de mon projet de jeu associé à une reprise en main de la formation.
Aucun problème avec Ivan Hasek?
Moi personnellement, aucun.
Mais vous en avez discuté avec lui...
Ecoutez non, puisqu'il est reparti en République Tchèque. Nous n'avons eu aucun contact et nous nous ne sommes jamais revus depuis la dernière journée de championnat.
Il l'a peut être un peu mauvaise de s'être fait piquer la place...
Ce sont des questions qu'il faut poser à Ivan. Moi je vous dis clairement : je n'ai aucun souci avec lui.
C'est la première fois que vous allez entraîner une équipe de Ligue 1. Avez-vous une petite appréhension avant cette reprise ?
Non aucune. Vous savez, avant d'être l'adjoint d'Ivan Hasek à Saint-Etienne et de Claude Puel à Lille, j'ai entraîné pendant 10 ans. Alors bien sûr, ce n'est pas la même pression mais c'est la gestion d'un groupe d'hommes auxquels vous voulez faire partager des idées et obtenir les meilleurs résultats possibles.
Entraîner le FC Sion en Suisse, c'étaient les mêmes problèmes éventuels, c'était la même ambition. Aujourd'hui à Saint-Etienne, je dois essayer de convaincre les joueurs du bien-fondé de ce que je peux amener, de ce que je peux dire et proposer.
C'est une jolie progression pour vous...
Ce n'est qu'un début, ce n'est qu'une étape. Aujourd'hui, j'ai un rôle que j'espérais et pour lequel je travaille depuis plus de 10 ans. Maintenant la réussite, elle est surtout fonction du classement en fin de saison. Ma réussite se jugera à ce niveau là.
Qu'allez-vous dire à vos joueurs pour cette reprise ?
Je ne vais pas dire grand-chose. Je vais les écouter. Nous allons apprendre à nous connaître. Parce qu'ils me connaissent en tant qu'adjoint mais pas forcément en tant que numéro 1. Après ce sera de la communication interne sur le projet tel que moi je le vois. Nous parlerons aussi des règles à respecter.
Quels sont vos objectifs pour cette saison ?
Il faut faire mieux que la saison précédente. C'est assez vaste mais je suis toujours parti du principe que l'ambition, c'est aux joueurs de la créer et de la définir. Il faudra qu'ils me disent ce qu'ils veulent avoir .Moi je serai là pour les accompagner et pour faire en sorte de l'obtenir.
Accrocher la Coupe d'Europe pourrait être un objectif raisonnable ?
Soyons sereins et analysons les choses comme elles le sont. Aujourd'hui, comme tous les clubs, nous espérons faire la meilleure saison possible, qu'elle nous mène en haut du tableau. Mais tout passe par le travail, par la remise en cause et les valeurs que l'on va défendre.
Vous espérez rester sur la même dynamique que de la saison dernière ?
Non il faudra changer. Ce sera une dynamique différente car chaque nouvelle saison doit servir à ça aussi. Il faut conserver ce qui a été fait de bien, et améliorer les choses qui ont été moins bien faite. Aujourd'hui, il faut faire mieux que la saison passée.
Comment prenez-vous le fait que certains joueurs cadres veulent partir à tout prix (Zoumana Camara, Bafétimbi Gomis, voir lien) ?
Aujourd'hui, ce que vit l'AS Saint-Etienne avec deux ou trois joueurs, Bordeaux et Auxerre le vivent aussi. Je crois que c'est le football qui est devenu comme ça. Les clubs ne se respectent plus. A partir du moment où on veut un joueur, on se met d'accord avec lui sur son contrat financier et après on pourrit la situation. Ce ne sont pas des valeurs que je partage mais ce sont celles du football malheureusement. Malgré tout, ces joueurs là ont un contrat chez nous et puis c'est tout.
Ils mettent en avant essentiellement un problème de stabilité, avec un énième changement d'entraîneur...
(Il coupe) Vous savez quand votre salaire est multiplié par trois ou quatre, il faut faire attention aux messages envoyés.
Un mot sur le recrutement à venir...
Nous avons déjà deux joueurs qui ont signé chez nous (Dimitri Payet, Efstathios Tavlaridis). On a encore quelques pistes ailleurs car nous souhaitons avoir deux ou trois joueurs supplémentaires. On travaille pour ça. Mais nous recherchons essentiellement dans le domaine défensif et offensif. On essaie d'être cohérent avec notre groupe. On espère que cela se finalisera assez rapidement. Pas trop non plus, parce qu'en football aujourd'hui, vous ne faites jamais de bonnes affaires lorsque vous allez vite. Mais nous espérons intégrer ces joueurs pas trop tard non plus.
Source:
www.francefootball.fr