Ce leader naturel que le FC Sion attendait
FOOTBALL
Valon Behrami relèvera sans aucun doute le dernier défi de sa carrière avec le FC Sion. Que peut apporter l’ancien capitaine de l’équipe de Suisse de 34 ans? Eclairage avec Stéphane Grichting et Jochen Dries.
PAR
GREGORY.CASSAZ@LENOUVELLISTE.CH
Valon Behrami est le premier joueur à avoir disputé quatre Coupes du monde avec l’équipe de Suisse.
Le FC Sion tient le patron qui lui manque cruellement depuis quelques saisons déjà. Voilà longtemps que le pays des vallons tenait à recruter Behrami. Cette fois, c’est fait. Le transfert devrait être confirmé cette semaine.
«Il y a eu Serey Die, Gattuso et, maintenant, Behrami. On sait ce que ce type de joueurs peuvent amener dans une équipe.» Ancien entraîneur du club valaisan, Jochen Dries ne tarit pas d’éloges lorsqu’on lui parle du premier joueur de l’histoire à avoir disputé quatre Coupes du monde avec l’équipe de Suisse. «Il a une véritable personnalité, une âme de guerrier. Vraiment, il pourra amener beaucoup de bien à ce groupe.»
S’il en est un autre qui voit l’arrivée de Valon Behrami d’un très bon œil, c’est Stéphane Grichting. L’ancien défenseur international valaisan connaît très bien le Tessinois pour l’avoir côtoyé au sein de la Nati entre 2005 et 2011. «Je l’ai vu éclore dans cette équipe de Suisse», rappelle-t-il. «C’est un leader naturel. Par la parole et par les actes. Il a une superbe mentalité, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Sans oublier que c’est quelqu’un de très bien élevé. Valon est une personne qui se donne corps et âme pour l’équipe pour laquelle il joue. Il ne calculera jamais ses efforts quand il est sur le terrain. Peut-être qu’il le fera un peu plus aux entraînements…»
S’économiser pour mieux performer le week-end
Le Valon Behrami de la semaine ne serait-il donc pas le même que celui du week-end en championnat? «Il ne faut pas oublier que c’est un joueur qui a connu par moments quelques pépins physiques. Il lui est donc arrivé de devoir s’économiser durant les entraînements», rappelle Stéphane Grichting.
Une situation qui peut déboucher sur certaines dissensions. «Quand vous ne vous entraînez pas le lundi, ni le mardi, que vous reprenez légèrement le mercredi, que vous faites une reprise le jeudi, que vous vous entraînez normalement le vendredi et que vous êtes titulaire le samedi, cela peut énerver certaines personnes», poursuit l’ancien défenseur. «Mais il faut aussi être conscient que certains entraîneurs préfèrent compter sur des joueurs qui ont de grosses qualités et qui sont à 90% plutôt que sur des éléments à 100% mais qui ne disposent pas de ces qualités-là.»
Autrement écrit, peut-être que le collectif valaisan devra s’habituer – et accepter – de laisser Valon Behrami un peu plus tranquille la semaine avant de pouvoir compter sur lui le week-end.
Son onzième club
depuis 2002
Quoi qu’il en soit, sa venue ne pourra être que bénéfique. Si Sion cherchait un homme d’expérience, il a assurément tapé dans le mille: ancien capitaine d’une équipe de Suisse dont il a porté le chandail à 83 reprises, Valon Behrami a connu les plus grands championnats d’Europe. S’il a surtout connu la Serie A italienne avec des expériences à Gênes, à l’Hellas Vérone, à la Lazio, à la Fiorentina, à Naples et, depuis 2017 à l’Udinese, le Tessinois a également transité par la Bundesliga (Hambourg) ainsi que la Premier League avec West Ham et Watford. Sans oublier la Super League alors qu’il découvrait le monde professionnel. Si, si…
Alors âgé de 17 ans, Valon Behrami avait disputé deux matchs avec Lugano lors de la saison 2002-2003. «Voilà le type de joueur qu’il manquait à Sion depuis quelque temps. La saison dernière, c’était particulièrement flagrant», confie Jochen Dries. «Il pourra notamment aider les jeunes à mieux gérer les temps d’un match. Quand on est jeune, on a peut-être tendance à en faire un peu trop quand il ne le faut pas et pas assez lorsqu’il le faut», complète Stéphane Grichting.
Son âge? Pas un obstacle
Des conseils que pourra distiller cet homme expérimenté de 34 ans. Son âge, tiens, parlons-en. Avec Valon Behrami, Sion ne joue pas la carte de l’avenir, de l’explosivité et de la vivacité. L’âge du Tessinois ne représente toutefois pas un handicap selon Jochen Dries. «Messi et Ronaldo ont bien 32 et 34 ans… Et vous savez, Behrami n’est pas un flemmard. Au contraire, c’est un véritable guerrier. Et il a signé pour deux ans. Pas pour cinq ans…»
Stéphane Grichting, qui est bien placé pour en parler pour avoir lui-même mis un terme à sa carrière avec Grasshopper à 36 ans, sait lui aussi que l’âge ne sera pas un obstacle. «34 ans, c’est encore jeune. Pour autant qu’il soit à 100%, il pourra apporter son impact au milieu du terrain.»
Sa grave blessure,
unique bémol
Stéphane Grichting met en lumière un élément qu’il ne faut pas oublier. En mettant sous contrat Valon Behrami, le FC Sion fait confiance à un élément qui s’est cassé le péroné début avril. Est-il suffisamment remis pour tenir son rang en Super League dès le 19 juillet prochain? «C’est le seul bémol qu’on peut mettre sur cette éventuelle acquisition», admet Stéphane Grichting. «Retrouvera-t-il son rythme de croisière, celui-là même qui lui a permis d’enchaîner les matchs comme il l’a fait dans tous les clubs par lesquels il est passé?», s’interroge l’ancien joueur de Sion, Auxerre et GC. «S’il parvient à évoluer à 100% de ses capacités, ce sera de toute évidence un joueur très important pour l’équipe.»
En 6 ou en relayeur
On connaît Valon Behrami, ce milieu de terrain qui évolue en six. Concentré sur un registre plutôt défensif. Et s’il tenait un autre rôle à Sion? «Il a peut-être et certainement cette marge de progression qui lui permettrait d’évoluer un cran plus haut, dans un registre plus créatif. Il retrouve quand même un championnat d’un niveau inférieur à ceux qu’il a connus jusqu’ici», assure Jochen Dries. C’est vrai que le Tessinois arrive à un poste où plusieurs joueurs peuvent déjà évoluer. «Il peut jouer en relayeur même si sa qualité première n’est pas d’amener les ballons vers l’attaque», rappelle Stéphane Grichting, lequel reconnaît également qu’il «aura davantage d’espaces et moins de vitesse dans le championnat de Suisse que dans les championnats qu’il a connus jusqu’ici». Un rôle qui pourrait d’autant plus convenir à Valon Behrami, lui qui est plus proche de sa fin de carrière que de son éclosion. «Disons qu’il a peut-être moins envie d’aller inlassablement au tampon aujourd’hui qu’il y a quinze ans. Et cela même s’il a plutôt très bien été au contact durant toute sa carrière», sourit Stéphane Grichting. GC