Des terrains de foot aux camps de la mort. Kiev, la capitale ukrainienne, tombe en septembre 1941, trois mois après le début de l'opération «Barbarossa», l'invasion de l'URSS par le IIIe Reich. Un boulanger d'origine allemande, supporter du Dynamo Kiev, reconstitue l'ossature de l'équipe dispersée par les combats et obtient de l'inscrire au championnat d'opérette créé par un collaborateur pour distraire les garnisons. En août 1942, le FC Start, dont la plupart des joueurs ont participé à la défense de la ville un an plus tôt, a déjà gagné sept matches consécutifs contre des équipes de soldats allemands, roumains et hongrois. Si la suite de son histoire varie selon les sources, son issue est toujours cruelle.
Sourds aux menaces de la Gestapo, inquiète de l'écho populaire de cette forme de résistance, les Ukrainiens ridiculisent une équipe d'aviateurs de la Luftwaffe lors d'un huitième match pourtant truqué par l'officier SS désigné comme arbitre. Ce 9 août, le FC Start gagne, comme d'habitude, mais il défie aussi ouvertement l'occupant. Les joueurs refusent de rendre le salut nazi. Mieux, ou pire: alors que les Ukrainiens mènent 5-3 à quelques minutes de la fin, le défenseur Oleksey Klimenko dribble le gardien allemand mais au lieu de pousser le ballon dans le but vide, il lui tourne le dos et tire en direction du rond central ! Le pied de nez de trop.

Sous divers prétextes - délinquance, sabotage, espionnage -, le onze ukrainien est raflé peu après un ultime succès. Un joueur meurt sous la torture. Trois autres, dont Klimenko, sont assassinés en février 1943 à Babi Yar, terrain d'exécution puis camp d'extermination où près de 100.000 civils, en majorité des Juifs de Kiev, sont massacrés en deux ans d'occupation. Trois autres joueurs s'évadent et se cachent jusqu'à la libération de la ville en novembre. Le sort du reste de l'équipe est inconnu. Une sculpture commémore ce «match de la mort» au Zenit Stadium de Kiev, rebaptisé Start Stadium en 1981
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