Interview de Stéphane Chapuisat à L'Equipe
«Il y a encore quelques années, la sélection suisse n'était composée, hormis Subiat et Turkyilmaz que de joueurs de souche helvétique. Désormais, on y trouve des internationaux d'origine turque, ivoirienne ou kosovare...
C'est une évolution positive. Vu de l'extérieur, cela peut surprendre dans la mesure où la Suisse n'a jamais été une puissance coloniale. Mais ce sont des joueurs qui sont pour la plupart nés en Suisse, qui sont suisses à 100 %, qui ont été formés par nos clubs. Ici, cela ne surprend ni ne gêne personne. Ce sont des joueurs de la seconde génération, et il serait dommage de ne pas profiter de leur talent. D'ailleurs, la France a remporté la Coupe du Monde 1998 et l'Euro 2000 en partie grâce aux joueurs d'origine étrangère. Mais certains joueurs d'origine étrangère parfois nés en Suisse et formés en Suisse - Petric, Kuzmanovic, Rakitic - ont opté pour leur pays d'origine. Sans doute sous la pression familiale.
Vous parliez de la formation suisse. De plus en plus de jeunes joueurs partent vers 15-16 ans pour l'étranger. Est-ce un choix que vous approuvez ?
Non. Je pense qu'il vaudrait mieux pour eux qu'ils fassent leur formation en Suisse et qu'ils évoluent dans le championnat national deux ou trois ans avant de s'exiler. Partir très jeune sans rien avoir montré est un choix risqué, et nous en voyons beaucoup revenir. Les joueurs suisses savent qu'ils vivent dans un pays aisé, et inconsciemment, certains vont faire moins d'efforts qu'un africain ou un sud-américain, car ils savent qu'ils pourront faire un autre métier.
Mais le niveau du championnat suisse est-il assez relevé non seulement pour les conserver, mais aussi pour attirer de bons joueurs étrangers ?
Notre football manque de moyens. Je sais que cela peut paraître paradoxal pour un pays aussi riche, mais c'est ainsi. Les droits TV sont très faibles, et les grosses entreprises rechignent à investir dans le football. Les budgets ne sont pas très élevés, pas plus que les salaires. Moi, quand j'étais revenu au Grasshoper Zurich après mes huit saisons à Dortmund, j'avais accepté de faire de gros efforts financiers, mais je disposais néanmoins d'un très bon contrat. Et comme vous l'avez dit, le championnat suisse est d'un niveau moyen. Cela se vérifie au niveau européen : depuis le FC Bâle (2002-2003) et Thoune (2005-2006), aucun club n'a participé à la phase de poules de la Ligue des Champions.»
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