Tintin a écrit :Joli article sur Manset dans Le Matin du jour (version électronique pas encore dispo...)
Voilà l'article :
MATHIEU MANSET , 9 159 KM PLUS LOIN
FOOTBALL Après une lointaine parenthèse chinoise, le Franco-Ivoirien a posé ses valises à Tourbillon. L’attaquant a été adoubé par Nicolas Anelka, qui lui a envoyé un SMS de félicitations après son premier but sous le maillot du FC Sion.
Pour toucher au but, Sion possède dorénavant l’embarras du choix. Un Brésilien (Leo Itaperuna) et un international nord-irlandais (Kyle Lafferty) emmenaient déjà les offensives valaisannes. Les voici dorénavant rejoints par Mathieu Manset, dernier renfort en date débarqué de Chine, déjà auteur, sur un penalty qu’il avait lui-même provoqué, du 1-0 libérateur contre Servette dimanche dernier.
Né à Metz il y a 22 ans d’une maman congolaise et d’un papa ivoirien, formé ensuite au Havre après avoir commencé à taper dans un ballon dans les rangs de l’US Créteil, dans la banlieue parisienne, le nouvel attaquant du FC Sion revient d’une lointaine parenthèse à Shanghai, où durant 4 mois (la durée de son prêt), il a pu côtoyer Nicolas Anelka, ex-international français et forte tête, un Anelka qui devait le prendre sous son aile. «Il m’a beaucoup parlé, encouragé aussi. Je voulais évoluer aux côtés d’un grand attaquant, et c’est pour cela que j’ai accepté ce défi, peu banal à mon âge. Grâce à Nicolas, j’ai vraiment pu m’améliorer. Anelka s’est comporté comme un grand frère. On a même joué quatre matches ensemble.»
Trois entraîneurs en 3 mois
Celui que le Valais pourrait rapidement rebaptiser «MM» – après tout, il y a bien déjà un CC… – n’a cure de la sulfureuse réputation de son guide sportif. «Peu importe ce que les gens peuvent penser d’Anelka. Moi, je sais ce qu’il a fait pour moi.» Malgré la distance et les fuseaux horaires, les deux hommes sont du reste restés très proches. «Après le match, l’autre jour, je lui ai envoyé un SMS pour lui dire que j’avais marqué. Il m’a répondu pour me féliciter et me dire de ne pas en rester là…»
Là-bas, sous le maillot de Shenhua (qui, littéralement, signifie, la fleur de Shanghai), le Franco-Ivoirien, immergé dans une mégapole de 18,5 millions d’habitants, a vécu quatre mois de folie. «A tous les points de vue, que cela soit de la langue, des transports ou de la nourriture, ce n’était pas évident. Dans la rue, partout, ça grouille. Où que l’on regarde, il n’y a que de l’agitation. Le dépaysement est également culturel. Au niveau du club aussi, c’était difficile. Les entraîneurs ne faisaient que défiler. Au moins 3 en 3 mois…»
Dernier à avoir hérité d’un poste qu’Ilija Petkovic (ex-Servette, en 2001) et Miroslav Blazevic (ex-NE Xamax notamment, en 2010) avaient aussi naguère occupé, l’Argentin Sergio Batista est toujours en place, malgré un classement (9e) peu en rapport avec les énormes moyens investis. Dans la Chinese Super League, le néo-Valaisan n’a fait que croiser son compatriote Didier Drogba, attiré par le salaire monstrueux – 300 000 francs par semaine! – que lui offre M. Zhu Jun, son richissime président. En Valais, Mathieu Manset, solide gaillard de 1,88 m pour 86 kg, est bien décidé à payer de sa personne. «Je ne suis pas ici pour me montrer et filer mais pour gagner des titres avec Sion et y rester. Je rêve de disputer la Ligue des champions l’an prochain. Pour cela, je vais devoir marquer des buts, car après tout, c’est aussi mon job, non? Un attaquant n’existe qu’au travers de ses réussites. Mais avant, je dois m’imposer en tant que titulaire.» 9159 km séparent Tourbillon, son nouveau point de chute, de l’adresse de son précédent employeur. «Ici, je découvre un autre monde, qui me convient parfaitement. Tout y est plus tranquille qu’en Chine, c’est reposant.» A ses côtés, Shanice, sa compagne, franco-ivoirienne comme lui et qui l’avait déjà suivi à Shanghai, acquiesce: «Toute cette beauté environnante dégage un calme apaisant, glisse-t-elle. Après la Chine, c’est ce qu’il fallait à Mathieu…» Les deux tourtereaux ont déjà visité les rives du Léman, Montreux, poussant une autre escapade jusqu’à Chamonix, au pied du Mont-Blanc. En attendant de trouver un logement, ils vivent toujours à la Porte d’Octodure, à Martigny, dans l’hôtel du président. A Tourbillon, Manset suivra-t-il le même parcours que son ami Giovanni Sio, explosant sous le maillot valaisan avant de signer en Bundesliga (en voyant au passage son salaire être multiplié par quatre)? Les explications de Sio ont fini de convaincre l’attaquant de s’engager pour 3 saisons avec Sion. «Il m’a dit que c’était un club pour moi, que les supporters étaient fantastiques. Il avait, je crois, raison…» Sio et Manset avaient fait équipe commune avec la sélection olympique ivoirienne.
Expérience anglaise
Avant de connaître un exode chinois pour y relancer une carrière embourbée, le No 19 de Tourbillon avait fait la Manche, d’abord à Hereford United (4e division) puis à Reading (2e division), club auquel il appartenait toujours. «J’ai toujours aimé le football anglais, avec un style de jeu qui correspond à mon physique.» En 29 matches avec les «Royals» de Reading, une ville du Berkshire de 225 000 habitants, Manset avait signé 5 buts, alors qu’il en avait réussi 10 avec Hereford. «C’est l’envie de jouer qui m’a poussé à aller jusqu’en Chine. J’avais trop envie de jouer pour rester sur le banc…» Aujourd’hui, Reading, entraîné par Brian McDermott, a été promu en Premier League et son ancien buteur a rebondi à Sion. Alors que son homonyme chanteur voyageait en solitaire, le Manset footballeur s’est promis de marquer les foules de son empreinte. «Combien aimerais-je marquer de buts avec Sion? Je me suis fixé un objectif secret, que je… dévoilerai le jour où je l’aurai atteint!»
Les défenses de Super League sont prévenues. Avec Manset, ça va déménager dans les seize mètres, jusque dans les filets.
NICOLAS JACQUIER
nicolas.jacquier@lematin.ch
Admiratif de son capitaine
En passant du Hongkou Stadium (35 000 places) à Tourbillon, Manset a quitté Anelka et ses conseils pour découvrir un champion du monde et la niaque de Gennaro Gattuso. «Je n’avais jamais connu un joueur aussi engagé que lui, c’est dingue, convient, admiratif, Mani, un diminutif qui remonte à ses années British. Même à l’entraînement, ce gars-là donne tout. Quand on le voit courir sur un terrain, il vous donne encore plus envie de courir. C’est incroyable le nombre de ballons qu’il peut récupérer…» Quand le nouvel attaquant valaisan évoque l’apport de son généreux capitaine italien, ses yeux s’allument; son regard pétille. Comme celui d’un gamin rêvant devant son idole, qu’il côtoie dorénavant au quotidien. «Gattuso est constamment derrière nous, il ne nous lâche pas. Durant le match, il nous booste sans cesse.» Dimanche, à Lucerne, le leader vivra un premier sommet. Gattuso y ira de sa formidable niaque, et le No 19 peut-être de son but. N. JR
N. JR