FOOTBALL L’ex-international helvétique évoque l’éviction de Vogel

Alain Sutter est sûr d’une chose: Köbi Kuhn n’a pas décidé à la légère
Source : http://www.24heures.ch/vqhome/le_journa ... on=ls.html
Il faut remonter à 1996 pour trouver en équipe nationale une onde de choc comparable à l'éviction brutale de Johann Vogel. Juste avant l'Euro en Angleterre, le coach Artur Jorge avait évincé Alain Sutter et Adrian Knup, deux des héros helvétiques de la Coupe du monde 1994. Sutter (38 ans) est aujourd'hui établi avec sa famille à Majorque. Il est aussi, depuis 2004, le consultant attitré de la télévision alémanique pour l'équipe nationale.
– Alain Sutter, l'éviction de Johann Vogel vous rappelle-t-elle la vôtre en 1996?
– Les situations sont différentes, sauf peut-être au niveau de l'effet de surprise. Et encore, j'avais pressenti depuis quelques jours que je ne serais pas du voyage en Angleterre. Petit détail: durant la phase de préparation, j'avais partagé ma chambre avec Johann Vogel, qui en était à ses débuts.
– Avez-vous été surpris par son renvoi?
– Je ne m'y attendais pas du tout. En revanche, je sentais depuis plusieurs mois qu'il allait se passer quelque chose, car les problèmes de cette équipe sautaient aux yeux. La Suisse file du mauvais coton. Pas vraiment en raison de ses trois dernières défaites, mais de la qualité de ses performances. Vraiment mauvaise en Autriche, pas terrible durant 70 minutes contre le Brésil et triste en Allemagne.
– Comment expliquer le clash?
– Seuls ceux qui vivent en permanence l'aventure de l'intérieur peuvent avoir une idée précise. Ce sont les joueurs qui partagent les bons et les mauvais moments, ce sont eux qui sentent ces détails. A chacun sa vérité, à commencer par celles de Köbi Kuhn et Johann Vogel. Deux certitudes: Kuhn n'a pas pris cette décision sur un coup de tête. Et, les deux concernés en conviennent, il n'y avait quasi plus de communication entre eux depuis la Coupe du monde.
– Et selon vous?
– Köbi et Johann sont deux personnes intelligentes que j'ai toujours appréciées. Je ne vais pas trancher, d'autant moins que l'un était véritablement le bras prolongé de l'autre sur le terrain pendant cinq ans.
– Les avis peuvent diverger sur le fond de cette mise à l'écart. Mais la forme reste brutale…
– Köbi a en effet opté pour une solution drastique. Seul l'avenir dira s'il avait raison ou non.
– Vogel est-il un bouc émissaire?
– Je n'en sais rien. En revanche, s'il représentait un problème pour l'équipe, il n'était pas le seul. La sélection traverse une période délicate où, dans la foulée du succès vécu jusqu'à la Coupe du monde, les individualités ont pris le dessus sur l'esprit sur l'équipe. La majorité des joueurs doit réagir et repenser collectivement. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. La Suisse n'est pas la première équipe à traverser pareille phase.
– Qui sera le prochain capitaine?
– Il doit être expérimenté. Deux noms sortent du lot à mes yeux: Alex Frei et Patrick Müller.
– Et qui reprendra le rôle de demi défensif?
– Les options sont nombreuses, à commencer par Wicky, qui a prouvé avec Hambourg que ce rôle lui convenait. Dzemaili, Inler, Djourou, voire Cabanas sont aussi envisageables.
Quels candidats pour reprendre le brassard de capitaine en équipe de Suisse?
LUDOVIC MAGNIN, STUTTGART, 39 SÉLECTIONS
Le Vaudois a toutes les qualités pour être le futur capitaine. Il est surtout Romand et on peut imaginer que Kuhn aura à cœur d'envoyer un signe positif après le «limogeage» de Vogel. Magnin est apprécié dans le groupe et fait partie des leaders naturels de la sélection.
ALEXANDER FREI, DORTMUND, 54 SÉLECTIONS
C'est le buteur, l'homme fort, qui n'hésite pas à s'impliquer. On dit qu'il a fédéré un clan autour de lui, qui s'opposait à celui que Vogel aurait formé. Question: l'attaquant accepterait-il le brassard dans ces conditions? Il représente une solution qui ravirait une bonne partie de l'équipe.
TRANQUILLO BARNETTA, LEVERKUSEN, 21 SÉLECTIONS
A bientôt 22 ans, le talentueux Barnetta représente l'avenir de l'équipe de Suisse. Une raison de plus de penser à lui. Sympathique, loin de tout conflit, il incarnerait un renouveau «tranquillo», comme son prénom. Mais a-t-il les épaules assez larges pour endosser le costume?
PHILIPPE SENDEROS , ARSENAL, 17 SÉLECTIONS
Si Kuhn cherche un leader pour le présent et pour l'avenir, alors le Genevois est tout désigné. Dans le vestiaire, sur le terrain, il incarne plus que tous un certain idéal du combat. Il est sans doute prêt pour le rôle. Mais peut-être lui manque-il encore un peu d'expérience internationale.