Sion : «Za z'est bon !»
Auteur : Oscar Sörensen
Categorie : Super League
Cette fois ça y est, Sion a montré de quel bois on se chauffe en Valais. En bottant le cul au champion en titre (2-0), les gars d'Uli Stielike ont retrouvé, pour un match au moins, un fond de jeu cohérent et une grinta dont ils n'avaient fait preuve que lors de leur deuxième mi-temps face à Young Boys. Encourageant.
Les plus critiques remarqueront que sans l'arrêt miracle du Pharaon sur la tête de Huggel (32e), notre Chabal à nous, les Valaisans seraient retombés dans leurs travers du début de saison. Je dis non. Sion dominait son sujet, faisant souffrir des Rhénans bizarrement apathiques et sans idées. Le match de Coupe d'Europe à Göteborg a peut-être coûté plus de forces que prévu.
Le mérite des «rouge et blanc» n'est pas remis en cause pour autant. Ils se sont montrés travailleurs, disciplinés et parfois virtuoses, à l'image de la percée de Crettenand sur la gauche, dont le tir heurtait la base du poteau de Costanzo (29e). Même si les incessants changements de jeu de Serey n'ont pas toujours trouvé Reset, l'intention y était et la patte de Stielike commence à se faire remarquer.
De plus, au vu des vociférations de l'Allemand sur la touche, il se pourrait bien qu'un ancien tube zouk soit remis au goût du jour à Tourbillon. L'Allemand semble avoir une propension, et c'est tant mieux, à motiver ses ouailles par des «Vas-y ! Z'est bon !». Il reste ce pas à franchir, hop c'est fait, Franky se mue en Uli, et on se retrouve avec du «Vas-y Uli, z'est bon ! Vas-y Uli, z'est bon, bon, bon». Retour au foot.
Stielike, un grand motivateur
Les buts valaisans ont mis à jour des faiblesses déjà connues dans le camp bâlois. Le FCB se cache trop derrière la qualité de ses coups de pied arrêtés. La tête de «Caveman» sauvée par El Hadary découle d'un coup-franc excentré de Perovic. En manque de jouerie, et de joueurs intelligents (Carlitos, Eduardo, NON pas Streller !), le collectif peine, les individualités aussi. Ainsi, cinq minutes après avoir manqué l'ouverture de la marque, Huggel ne parvenait pas à se saisir d'une - mauvaise - passe de Safari, et laissait Beto armer une frappe de mule, bien croisée, qui n'a laissé aucune chance à Costanzo.
La deuxième réussite sédunoise est consécutive à une erreur encore plus crasse de François Marque. Le défenseur central français manquait complètement son dégagement de la tête, et servait ainsi idéalement Adeshina qui crucifiait le portier du FC Bâle. L'attaquant avait déjà transformé en but une erreur de la défense de Young Boys (Zayatte-Wölfli).
Le coup de gueule de Constantin
La discipline toute germanique, que ce soit dans le travail ou dans le respect des consignes, semble avoir trouvé un echo positif auprès des joueurs. Seuls Alioui et Crettenand ont été avertis, ce dernier pour un plongeon dans la surface que Costanzo pourrait avoir provoqué. Pourtant l'engagement physique et l'agressivité ont été présents sur la totalité du match. La gestion des émotions est aussi un credo du football moderne. Serey Die n'avait pas su se retenir contre Young Boys, il a corrigé sa copie et se profile pour devenir une pièce indispensable du dispositif sédunois au milieu du terrain.
Monterrubio, la plaque tournante
Le chef d'orchestre Monterrubio n'a pas marqué, mais il aurait pu. Son coup franc du pied gauche frappait le poteau (77e). Le Français s'est trouvé, avec Crettenand, un complice dans la construction du jeu et l'inventivité. Fort d'une technique intéressante, le Valaisan peut prétendre à reléguer Domingues au rôle de joker, pour autant qu'il transforme ses occasions en but, ça viendra.
Entre le match de Grasshopper et celui contre Bâle un événement important a eu lieu. La visite et le speech du Président de l'équipe. «Plus des trouillards mais des guerriers» a martelé le César d'Octodure. Le message a passé 5 sur 5. De plus, Tintin a loué, dans les colonnes de l'organe officiel du club, les qualités de meneur d'hommes de Stielike ainsi que l'excellence du travail entrepris depuis son arrivée à la tête de l'équipe. Trois matches, deux défaites mortifiantes et une victoire avec les tripes ; ça aurait coûté la place de beaucoup de techniciens. Il fallait donc un entraîneur de la trempe de Stielike pour avoir le droit de travailler sur du plus long terme. On s'en réjouit.
Photos Pascal Muller, copyright
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Sion - Bâle 2-0 (2-0)
Tourbillon, 14'800 spectateurs.
Arbitre : Messner (Aut).
Buts : 36e Beto 1-0. 45e Adeshina 2-0.
Sion : El Hadary; Vanczak, Alioui, Nwaneri, Bühler; Serey Die, Beto; Reset (78e Domingues), Monterrubio, Crettenand (89e Morganella); Adeshina (83e Saborio).
Bâle : Costanzo; Zanni, Abraham, Marque, Safari; Huggel (43e Gelabert); Rubio, Ergic (65e Gjasula), Chipperfield (46e Stocker), Perovic; Derdiyok.
Cartons jaunes : 16e Zanni, 26e Rubio, 45e Perovic, 50e Alioui, 64e Crettenand, 76e Marque.
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