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MOI, LEO, MARIÉ ET CHASSEUR DE BUTS
FOOTBALL
Auteur d’un doublé, dimanche à Zurich, contre Grasshopper, le Brésilien s’impose déjà comme la coqueluche du FC Sion.
Une cabriole victorieuse contre l’OM suivie d’un doublé gagnant contre GC a assis sa réputation naissante. Deux matches et trois buts ont suffi à propulser Leo Itaperuna au rang de nouvelle coqueluche de Tourbillon. Tout en le faisant sortir du relatif anonymat dans lequel il était confiné.
A 23 ans, le Brésilien perpétue en Valais la tradition des buteurs sud-américains (Tulio, Assis, Milton, etc.). «Le Matin» est allé hier à la rencontre du héros du Letzigrund afin de savoir comment on passe des plages de Rio au soleil du Valais. «Je ne pouvais rêver d’un meilleur départ. Et Sion non plus», explique le nouveau buteur du FC Sion, rencontré sur la terrasse de la Porte d’Octodure, à Martigny, où le jeune attaquant s’est provisoirement installé avec son épouse, Paola. Tourbillon représente la première adresse européenne d’un joueur formé à Fluminense, mais qui a écumé des clubs moins renommés – Paulista, America, Duque de Caxias, Anapolis, Arapongas – avant son transfert longue durée à Sion (il y a signé jusqu’en 2016). «En débarquant ici, je ne connaissais pas grand-chose de ma nouvelle équipe, mais c’est un bon endroit pour me mettre en vitrine.»
Depuis son arrivée, on hésite sur la manière de le nommer. Selon les appellations, il est Leo pour les uns, Itaperuna pour les autres. Qu’en est-il au juste? «En réalité, je m’appelle Leonardo de Oliveira Clemente.» De Leonardo à Leo, le raccourci est compréhensif, mais ce nom d’Itaperuna, d’où tombe-t-il? «C’est le nom de la ville où je suis né, une ville de 180 000 habitants située à 230 km de Rio. Quand j’étais à Fluminense, il y avait six autres Leo. Au lieu de nous baptiser Leo I, Leo II, Leo III, etc., on a décidé de nous affubler du nom d’où l’on vient. Cela est resté. Et voilà…» Voilà comment Leo Itaperuna est né; 1,73 m sous la toise, mais une détente prodigieuse qui lui permet de s’élever haut dans les airs. «Cela remonte à mes années à Fluminense.»
Entre le Brésil et la Suisse, le décalage n’est pas seulement climatique. «Chez moi, le football, c’est différent. Il y a plus d’espace et on bénéficie de plus de liberté. En Suisse, le marquage est plus serré, et les duels sont physiquement plus engagés.» Un apprentissage que Leo est en train de réussir. «Mon objectif personnel est d’inscrire le plus de buts. Dix, quinze, peut-être plus, et d’aider Sion à atteindre les sommets qu’il vise.» Pour l’heure, le Brésilien évolue seul en pointe, faisant valoir son explosivité. A l’avenir, la présence de Lafferty, ancré dans les seize mètres et jouant en pivot, pourrait l’inciter à virevolter sur les côtés.
Pierre porte-bonheur
Son premier doublé européen a valu à son auteur nombre de messages de félicitations. «Je connais pas mal de compatriotes qui ont déjà réussi en Europe, notamment Fred et Deco, que j’ai parfois au téléphone.» Chaque fois qu’il le peut, le buteur ajoute une pirouette à son œuvre, ce qui fut le cas contre Marseille – «c’est un peu ma signature». Une signature renversante.
Outre sa jeune épouse, le néo-Valaisan, dont le frère aîné joue à… Itaperuna, aime pêle-mêle le théâtre, le cinéma, la natation et Romario, son idole absolue, avec qui il a joué sous le maillot d’America et dont il a épousé le même No 11 – «une manière de remercier celui qui est mon modèle».
Redoutant l’arrivée de la neige, qu’il n’a encore jamais vue, le bondissant Leo possède aussi un talisman, un porte-bonheur glissé dans son porte-monnaie. «C’est une pierre précieuse en forme d’œil que j’embrasse avant chaque match et après chaque but.»
Dimanche, Monsieur vivra son premier «classico» romand sous le regard amoureux de Madame. «Depuis ce matin, tout le monde me parle déjà de Servette, de la rivalité existant entre les deux clubs.» Sion champion et Leo proclamé roi des buteurs, notre interlocuteur rêverait de voir cette double hypothèse audacieuse se concrétiser au terme de la saison. «Croyez-moi, on ferait une sacrée fête, un vrai carnaval.» Après le Carnaval de Rio, la samba pourrait bientôt envahir Tourbillon.
NICOLAS JACQUIER,
MARTIGNYnicolas.jacquier@lematin.ch