Luciano a écrit :
Salut Coach!
Un plaisir de renouer la discussion avec toi! Je te rejoins sur ton comment ci dessus, cela étant, le plus petit dénominateur commun entre nous tous devraient être notre foi inébranlable au FC Sion. Hors j'ai le sentiment qu'on s'entredéchire, entre anti ultras et pro/tolérant ultras. Ça devrait pourtant être un combat d'arrière garde... À contrario de l'avenir du club et de l'ambiance à Tourbillon! Des enjeux de torches comme pomme de la discorde, c'est effarant. Le titre de ce forum est pourtant explicite: Sion pour toujours! Dont stop Sion!!!
Je pense que la foi inébranlable dans le FC Sion, ici, la grande majorité des usagers de ce forum la possède. Qui d'entre nous pour se réjouir de la situation un peu décadente du club, de ses mauvais résultats et qui ne rêvent-ils pas d'un retour au plus vite à la "normal" avec un stade garni et un spectacle décent sur la pelouse ? J'imagine que tout le monde ici vit le FC Sion depuis qu'il est gamin, que ça soit sur les genoux de papas, avec les copains du quartier (ou du village pour ce qui n'habitent pas en ville), etc. Sur ce point, je suis peut-être naïf, mais je n'ai point de doute.
La question n'est pas tellement ici celle du soutient inconditionnel au club, mais plus comme il me semble que tu le relèves bien, celle des groupes ultras et indirectement celle des fumigènes, effectivement. C'est vrai que c'est un peu absurde. Je le trouve aussi. Mais le sujet est passionnel. Il n'y a qu'à constater l'ampleur qu'il prend malgré lui. Et dans mon cas, il me permet de passer un peu de temps parmi vous. Même si des fois je me dis qu'il faudrait que je m'occupe ailleurs, car cela en devient un peu pathétique.
Après 60 pages de débats, il me semble que l'on commence à distinguer les catégories suivantes.Il y a le supporter somme toute assez lambdas dont je fais partie. Son attitude est relativement neutre, au pire légèrement ambigüe, face aux questions des ultras et de la torche. Il ne comprend effectivement pas pourquoi le club devrait payer des amendes à répétition, car somme toute cet argent qui ne coule pas à flot dans un club comme le nôtre, pourrait servir à des choses plus intelligents. Il se permet également de rester critique face aux groupes, de leur signaler dans ce forum quand il considère qu'ils ont dérapé (assez rarement somme toute), de les taquiner sur leur prétention hégémonique de mettre l'ambiance et plus précisément sur leurs chants quand l'ambiance globale du stade est au gros roupillon du dimanche après-midi lendemain de hier, et reste critique face au discours officiel de ses membres et sympathisants dans les colonnes de ce forum. Mais d'un autre côté, d'où l'ambiguité, il apprécie leurs "Aux Armes" qui pètent, leur réaction électrique lors de certains derbys (rare), certains chants qui prennent (rare), leurs Tifos, les gros torchage les soirs de victoire (mais çA on ne le dit pas), bref il sait aussi apprécier leur présence au stade. Tout du moins, ce spectateur a sans doute compris que la culture ultras fait partie du football moderne (que les ultras critiquent pourtant bien qu'ils en soit des acteurs à part entière). De toute façon, en tant que petite ville de province, nous serons toujours influencés par ce qui se passent dans les grandes capitales. Le football a d'ailleurs débarqué comme cela en Valais. Importé de l'extérieur par des étudiants qui avait vu Genève ou Lausanne (rire). Et dans les grandes villes, la culture du supportérisme n'est pas prête de disparaître. Je reviens d'Allemagne et je peux vous dire que ça y va là-bas !!! Du coup, même si nos groupes actuelles disparaîtraient, cela ne serait que partie remise à plus tard. Soyons en sûre. Les ultras existent dans un stade de football au même titre que le père de famille désargenté de la tribune sud, du haut Valaisan éternellement fidèle de la tribune est, et du gros bourgeois prétentieux et raciste de la tribune principale.
Ensuite, il y a le spectateur idéaliste et radical. Il n'y en a pas tant que cela il me semble. Lui rêve d'un âge d'or du supportérisme qui n'existe plus. Il use souvent dans son vocabulaire du concept "avant les groupes". Je crois cependant qu'il oublie que nos groupes sont apparus dans un mouvement général européen qui a fini par débarquer à Sion, comme l'avait fait le football un peu moins de cent ans au paravent. Ce spectateur idéaliste croit que l'on pourrait être l'exception. Que Sion pourrait être complètement imperméable à ce qui se passe ailleurs. Il se souvient de la période avant les groupe qui était assez animée quand les résultats suivaient. Ce qui est d'ailleurs vrai. Mais il peine à accepter que le changement social est passé depuis par là, et que contre cela, on ne peut rien faire d'autres qu'entretenir des nostalgies qui ne changeront pas le monde. Comme le spectateur précédent, il est critique, se désole de quand ça dérape, remet en question certaines prétentions hégémoniques qu'on les groupes sur l'ambiance globale du stade, mais contrairement au premier spectateur, le spectateur idéaliste patauge dans son idéalisme radical et s'accroche à une vision de la réalité qui n'est pas réaliste. Son acharnement est parfois pathétique.
Puis viennent les membres ou sympathisants des groupes. Evidement, ils sont ici pour défendre leur sous-culture qui leur tient sincèrement à coeur. Du coup, ils manquent souvent d'objectivité et tendent à rentrer dans une guerre rhétorique sans fin avec les idéalistes radicaux. Les passement d'armes vont des plus superbes (rare) au plus mesquins et redondants (souvent). Je comprends cependant qu'ils soient fatigués d'être trop souvent relégués dans des cases simplistes qui nient certaines réalités historiques et sociologiques. Je leur reproche cependant (à la plupart d'entre eux tout du moins) de verser dans un certain obscurantisme qui à mon avis ne fera jamais avancer le débat et plaider leur cause. Pour leur défense, je reconnais que face aux plus radicaux des spectateurs idéalistes, il serait vain de penser que le débat puisse avancer.
Bon, je fatigue...
Mais je tiens encore à exprimer une dernière chose qui m'est toute personnelle et dont j'accepte d'endosser la responsabilité des mots. A mon avis, beaucoup de gens ne reconnaîtront pas explicitement ici que les groupes manquent au stade. Et pourtant ils n'en penseront pas moins. Dans ce sens, les ultras ont réussi leur coup. D'un autre côté, et cela plaira moins aux ultras qui à mon avis ne sont pas prêts à l'entendre, les ultras se sont bien fait avoir par Monsieur Constantin. Ce Monsieur, et c'est ici que commence mes hypothèses personnelles, a tout d'abord initié un mouvement de répression exemplaire à l'encontre du gradin nord, pour la seule véritable raison qu'il a été extrêmement touché par le désamour et la désapprobation du public au printemps passé. Rappelez vous quand même qu'il était partie sous escorte policière et ne s'était plus présenté au stade pour les dernières parties. Ce sont des faits qui touchent même un gros dur au coeur sensible comme lui. Le Gradin Nord, en bonne caisse de résonance populaire, ne s'était bien entendu pas gêner de manifester son mécontentement par voix d banderoles et par ses ultras. Le boucémissaire était tout trouvé. Il est facile de pointer du doigt quelques agitateurs, il est plus difficile de se remettre profondément en question. Constantin par son bras droit Massimo a agit. Le Gradin Nord a été attaqué par une politique de répression des plus radicales qui visait tout simplement à le casser.
Là, le public s'est révolté. Ce forum en a été le témoin privilégié. Un boycott a été plus ou moins organisé. Face à la pluie de désabonnement, se rendant sûrement compte de la catastrophe programmée d'une telle politique, le club est revenu sur ses pas. Et c'est là où je pense que les ultras se sont fait avoir comme des sur-bleus. Les ultras sont persuadés que c'est uniquement grâce à leur discussion avec le club que Constantin est revenu en arrière. A mon avis, Constantin est surtout revenu en arrière car il se rendait bien compte que sa politique n'était pas réaliste. Mais en discutant avec eux, et surtout en acceptant de leur laisser croire que c'était un compromis qu'il faisait envers les groupes, Constantin tenait dorénavant le moyen de les rendre redevables. Et c'est à mon avis là où se situe le vrai noeud du problème de cette grève qui se prolonge. Cela n'a rien à voir avec les fumigènes comme le répètent à raison les ultras. En faisant semblant d'être revenu en arrière pour eux, Constantin détient du pouvoir sur eux, et à son tour leur demande certains compromis qui sont difficilement acceptables : ne pas critiquer la direction par banderoles. C'est un peu comme si le roi s'emparait du carnaval. Carnaval y perdrait totalement son sens.
A trop discuter avec le roi, les ultras ont perdu une manche. Monsieur Constantin est un stratège qui n'est pas devenu l'un des personnages les plus puissant du pays pour rien. Mon conseil à deux balles en direction des ultras : asseyez vous sur votre orgueil, arrêtez de croire que c'est uniquement par votre discussion que Constantin est revenu en arrière. Il y a de l'orgueil et du narcissisme contre-productif à penser comme cela. Reprenez votre place au stade où la plupart des gens vous y attendent. Mettez la pédale douce sur les fumigènes. Et continuez votre sous-culture sans trop vous soucier du roi. A faire trop longtemps les fiers on a toujours tort.
Dans la vie on change de femme pas de maillot.